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Samedi (03/07/04)

                                   

                 [edit : début décembre 2004

              maintenant, ca se passe ici]

                                   

 

            Je parlais récemment de faire le ménage dans sa tête et dans sa vie. J’ai décidé aujourd’hui de suicider Abel. Mon rapport à ce blog était devenu trop ambivalent pour qu’il continue d’exister dans la sérénité.

Il ne reste désormais ici qu’un seul article, assez ancien, « On m’a dit ». Parce qu’il me correspond assez bien, je crois, et qu’il constitue un portait assez juste de ce que je suis, dans mes contradictions et mon rapport aux autres peut-être.

       Abel est mort, mais, magie de l’Internet, il reste joignable par mail. J’ai eu beaucoup de bonheur et j’ai aussi beaucoup appris a tenir cette chronique régulière de moi-même. Merci à tout ceux qui m'ont suivi et ont participé à cette introspection d'exactement un an. Je reviendrai peut-être ailleurs.

 

       Adieu. Ou à bientôt, c’est mieux.

                                              -------------

                    On m'a dit...

 On m’a dit que je recherchais le contact avec les autres, que j’étais ouvert. On m’a dit que j’étais la personne la plus narcissique et la plus égoïste du monde. Je me suis dit que je devais rechercher le contact avec les autres pour satisfaire mon narcissisme.

Une femme, qui avait été la mienne un instant, m’a dit que j’allais aimer les femmes dans ma vie. Une jeune femme, qui avait été mienne pendant un instant, m’a dit qu’au fond de moi j’étais méchant et incapable d’aimer. Je me suis dit qu’il était dur de se faire comprendre, plus dur encore d’aimer.

 

On m’a dit que je ne savais pas ce que je valais. On m’a dit que j’étais suffisant. Je me suis dit que les gens ne savent pas ce qu’est le doute, ne savent pas ce qu’est l’orgueil.

 

On m’a dit que j’étais le plus beau du monde. On m’a dit que j’étais d’un banal affligeant. Je me suis dit que la deuxième personne avait raison.

 

Une fille m’a dit qu’elle avait peur que je me casse en morceaux quand j’étais dans ses bras. Une autre qu’elle aimait se sentir protégée dans les miens. Je me dit que la deuxième n’avait pas vraiment besoin d’être protégée si elle se sentait en sécurité dans mes bras !

 

On m’a dit que j’avais de beaux yeux. Je me suis dit que je le savais déjà, mais qu’on avait raison.

 

On m’a dit que je ne pensais qu’à faire des rencontres sans lendemain. Je me suis dit que pourtant, je n’attendais que ça, une rencontre avec des lendemains qui chantent. Je me suis dit, quand même, qu’il fallait avouer que la chair était faible, mais que c’était comme ça.

 

On m’a dit que je ne payais pas de mine, mais que quand on me connaissait j’étais quelqu’un d’extraordinaire. On m’a dit que j’avais une aura magnétique, mais qu’on était très déçu quand on me connaissait mieux. Je me suis dit qu’on en disait, des conneries.

 

On m’a dit que j’étais trop rigoureux, trop droit, trop sérieux. On m’a dit que j’étais j’m’en-foutiste et que je ne faisais attention à rien. Je me suis dit que chacun ne prêtait vraiment attention qu’à ce qui l’intéressait.

 

On m’a dit que je faisais admirablement bien l’amour, que j’étais très attentionné, que je prenais tout le temps, que je pensais à l’autre plus qu’à moi. On m’a dit que je ne pensais qu’à moi, que je n’étais vraiment pas terrible. Je me suis dit que certaines personnes incitaient naturellement à donner tout entier le meilleur de soi-même, tandis que d’autres n’appelaient rien d’autre que de la médiocrité.

 

On m’a dit que je ramenais tout à moi, que je faisais de l’égonombrilocentrisme. On m’a dit que je ne me livrais pas assez, que j’étais trop secret. Je me suis dit que j’avais bien raison ne dire que ce que je voulais à qui je le voulais.

Je me suis d’ailleurs dit que, souvent, j’avais bien raison.

 

On m’a dit que c’était mal d’aimer les chansons de variétoche commerciales et ultra-populaire. On m’a dit que c’était mal d’aimer les chanteurs bobos confidentiels. Je me suis dit que je pouvais aimer Sempé et Picasso à la fois, Asimov et Proust à la fois, sans avoir à m’en justifier. Je me suis dit que j’emmerdais le bon et le mauvais goût, et le monde avec.

 

On m’a dit que je devais commencer à me sentir seul. On m’a dit que j’avais bien raison de profiter de mon célibat. Je me suis dit que les gens rêvaient toujours de ce qu’ils n’avaient pas.

 

On m’a dit que j’avais l’air sévère. On m’a dit que j’avais l’air doux. Je me suis dit qu’il était dur d’avoir l’air de ce qu’on est vraiment.

Je me suis dit aussi que je ne savais pas vraiment ce que j’étais.

  

Abel

 

Ecrit par Abel, a 16:31 dans la rubrique "Sommaire".
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